Trophées CIMES Durables 2024
Mise en place de navettes gratuites estivales et hivernales entre Tignes et Val d'Isère.
Le projet a été testé à l'été 2022 et assure depuis, été comme hiver, des rotations hebdomadaires entre les deux communes. Ce projet améliore également l’offre de mobilité entre tous les hameaux de la rive droite de l’Isère (La Reculaz, le Villaret du Nial, le Chevril) sur le territoire de Tignes.
Dans quel contexte cette bonne pratique s'est-elle installée ? Quels étaient les objectifs poursuivis ?
Tignes affirme sa volonté de s'inscrire dans une démarche profonde et sincère de transition du territoire. L'ambition est de mieux préserver, partager et valoriser le patrimoine et les atouts naturels dont Tignes partage la responsabilité.
À la suite notamment de la réalisation du bilan carbone de Tignes (dont les résultats indiquent que 85 % de l’impact carbone de Tignes est généré par le tourisme, dont 66 % sont liés aux transports) une "stratégie de transition 2030 pour un territoire durable" a été établie. Elle repose sur 4 piliers, 20 objectifs et 92 actions.
L'un de piliers concerne la réduction du bilan carbone (pilier n°4) avec comme indicateur la réduction du bilan carbone de Tignes d'ici à 2030.
La mise en place de ce service de navette répond à plusieurs objectifs de la stratégie de transition 2030 pour un territoire durable, à savoir :
- "Proposer une offre touristique responsable minimale annuelle",
- "Faciliter la vie à Tignes pour nos anciens, nos jeunes et nos familles"
- " Fidéliser les saisonniers"
- " Réduire l'impact carbone du transport des vacanciers"
- "Favoriser une mobilité durable à l'échelle de la commune".
Plus spécifiquement, les communes de Tignes et Val d'Isère souhaitent renforcer la mobilité durable sur leurs territoires avec pour objectif de désengorger le réseau routier en réduisant autant que possible l’usage de la voiture (et de l’avion) en privilégiant les transports doux, décarbonés et/ou collectifs. Cet objectif est partagé et soutenu par la Communauté de Communes de Haute Tarentaise qui a fait de l’amélioration des mobilités un axe majeur de sa politique, inscrit dans son projet de territoire.
Les services de navettes saisonnières proposés par les deux communes couvrent assez efficacement les besoins de mobilité intra-urbaine et sont très appréciés des touristes et des travailleurs. En revanche, les enquêtes de satisfaction réalisées par les offices de tourisme de Tignes et Val d’Isère, mettent en exergue une forte lacune sur la liaison régionale interurbaine (entre Tignes et Val d’Isère). Les raisons évoquées sont les suivantes :
• Des horaires peu adaptés aux besoins des usagers (difficile voire impossible de faire un aller-retour Tignes- Val d'Isère dans la même journée) ;
• Une absence d’offre le samedi et le dimanche pour relier les deux communes ;
• Un manque de lisibilité des horaires des cars de la ligne régionale assurant ce service (voir annexe) et un système de réservation pas toujours simple à comprendre pour les usagers ;
• Une impossibilité de monter dans le car avec des chaussures de ski pour des raisons de sécurité (cette situation empêche le retour des skieurs notamment en fin de journée) ;
• Une incompréhension entre une offre payante et onéreuse (ligne régionale) pour relier les deux communes et un même domaine skiable face à une offre gratuite de navettes intra-urbaines communales (source de tensions entre voyageurs et chauffeurs de car).
Ces points de faiblesse s’expliquent par un service qui a été calibré pour un transport des voyageurs entre la vallée et les stations « ligne régionale S82–S83 » (correspondances gare ferroviaire de Bourg Saint Maurice) et en aucun cas pour relier les stations entre elles.
Le déploiement d’un tel service de transport public répond à un double objectif : satisfaire les attentes fortes de nos usagers qu’ils soient résidents, travailleurs ou vacanciers et s’inscrire en totale complémentarité avec le service rendu par la ligne régionale actuelle.
Bien qu’encore perfectibles, les offres actuelles de mobilité intrastation révèlent de nombreux atouts sur les saisons hivernales et estivales permettant de satisfaire à la fois les besoins de déplacements des touristes mais aussi des employés logés sur Tignes.
Les besoins en mobilité sont étroitement liés à l'activité touristique des deux destinations. L'idée d'une navette entre Tignes et Val d'Isère a rapidement été proposée puisqu'elle répond aux attentes de la population locale et touristique.
Le développement du projet en détails
Historiquement, le service de navettes est assuré par le délégataire des remontées mécaniques (Société des Téléphériques de la Grande Motte : STGM). Les premières navettes qui composent l’actuel « circuit 2100 » étaient complémentaires des remontées mécaniques et répondaient aux besoins des skieurs pour relier plus rapidement Tignes le lac au Val Claret.
À ce jour, c'est toujours la STGM qui assure ce service. C'est pourquoi elle a été naturellement associée au projet.
La commune de Val d’Isère, la Société des Téléphériques de Val d'Isère (STVI-Val d'Isère Téléphériques), les offices de tourisme de Tignes et de Val d’Isère ont travaillé de manière coordonnée, avec la participation de la Communauté de Communes de Haute Tarentaise et la Région Auvergne Rhône Alpes.
Pour l'été 2022 : Coût de 38 582 euros par commune.
Pour l'hiver : Aucun surcoût pour les communes. Il s'agit d'une optimisation des circuits existants de la STVI.
Quelles ont été les difficultés rencontrées ?
La gouvernance du projet repose sur à minima 8 acteurs institutionnels : La commune de Tignes, la commune de Val d'Isère, la Société des Téléphériques de la Grande Motte (STGM) et la Société des Téléphériques de Val d'Isère (STVI), ainsi que les Offices de tourisme de Tignes et de Val d’Isère, la Communauté de Communes de Haute Tarentaise (CCHT) et la Région Auvergne Rhône Alpes.
La difficulté principale réside dans la cohabitation entre une offre gratuite et une offre payante qui pose la question d’une concurrence déloyale avec les marchés passés avec l’entreprise de transport et la Région Rhône Alpes.
Des solutions collégiales originales ont été trouvée afin de permettre une telle cohabitation.
Et après ?
Quel est votre retour d'expériences ?
Les enquêtes de satisfaction réalisées en 2022 par les offices de tourisme de Tignes et Val d’Isère avaient mis en exergue une forte lacune sur la liaison régionale interurbaine (entre Tignes et Val d’Isère).
Un test a été fait à l'été 2022; ce sont plus de 9000 personnes qui ont fréquenté la navette. Au vu du succès rencontré, l'opération a été réitérée l'été 2023 avec un ajout d'une remorque à vélos. La navette a été également proposée sur la saison hivernale 2023 et rencontre également un succès, autant pour les visiteurs que les habitants.
La fréquentation des navettes à l’été 2023 à même légèrement augmenté, démontrant la pertinence d’une telle offre.
Le retour des utilisateurs est très positif, les seules remarques concernent un renforcement des créneaux proposés.
Le projet a donc donné pleinement satisfaction et il est question que l’offre soit étoffée et améliorée dans les années à venir.