Saisonniers : interview de Jean-Luc Boch, Président de l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne
Les saisonniers, qui venaient depuis des années à la montagne pour y travailler durant la saison mais également profiter du cadre exceptionnel et des activités de glisse, ont en partie déserté nos territoires pour trouver un emploi plus durable. Avec Pôle emploi, notre objectif est que l’emploi saisonnier redevienne une chance et un atout pour ceux qui sont en recherche d’emploi.
Vous présidez l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne (ANMSM) depuis 2020. Après l’hiver 2020-2021, les stations ont rencontré d’importantes difficultés pour recruter du personnel saisonnier. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Les stations de montagne ont connu en effet une saison 2020-2021 particulièrement difficile puisque les remontées mécaniques sont restées fermées durant tout l’hiver. L’affluence relative des vacanciers français n’a malheureusement pas eu un impact suffisant pour maintenir l’emploi dans sa totalité, en particulier celui des saisonniers lesquels ont dû trouver des solutions alternatives.
Ces saisonniers, qui venaient depuis des années à la montagne pour y travailler durant la saison mais également profiter du cadre exceptionnel et des activités de glisse, ont ainsi en partie déserté nos territoires pour trouver un emploi plus durable ou bien changer de mode de vie. Il s’agit donc d’un changement structurel.
Je rappelle que le tourisme en montagne attire 10 millions de visiteurs en hiver, dont 2 millions d’internationaux, pour un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros. Cette économie représente environ 400 000 emplois dont 120 000 emplois directs parmi lesquels plusieurs dizaines de milliers de saisonniers.
Le bouleversement du marché du travail opéré à l’occasion de la crise sanitaire se fait à nouveau ressentir pour l’hiver 2022-2023, dans une moindre mesure toutefois. Certains secteurs sont toujours en forte tension comme l’hôtellerie, la restauration mais également les commerces de manière générale, les transports ou la petite enfance.
Les difficultés de recrutement sont en partie liées aux conditions d’hébergement et à l’accessibilité en station, plus difficile en période hivernale, ainsi qu’au montant des rémunérations. Il convient d’indiquer qu’un grand nombre de stations ont mis l’amélioration des logements saisonniers en priorité dans leurs agendas.
Quel est le sens du partenariat noué entre l’ANMSM et Pôle emploi ?
Nous avions besoin d’un lien plus fort avec Pôle emploi, acteur numéro un du recrutement, pour redonner de la visibilité aux offres d’emploi des stations et déclencher chez les demandeurs d’emploi une envie de venir ou revenir à la montagne pour y travailler mais aussi pour profiter d’un environnement enneigé et largement préservé.
Ainsi, l’ensemble du réseau Pôle emploi est mobilisé dans le cadre de la campagne « La montagne, ça vous gagne ! » que l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagne relaie de manière très large auprès de tous ses partenaires. Cette campagne est désormais complétée par une campagne commune auprès des demandeurs d’emploi « La montagne, ça vous gagne ! Et ça recrute ! ».
Mais nous ne comptons pas nous arrêter à cette première campagne de communication. Celle-ci devrait être renouvelée l’année prochaine et une enquête à l’échelle nationale sera menée au printemps, auprès des saisonniers sur l’ensemble des massifs, pour mieux comprendre les blocages actuels et ainsi mieux répondre à leurs attentes.