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Face aux enjeux climat-énergie, des stations unies dans la diversité ?

 

Les stations de montagnes, comme tous les territoires, sont prises dans un étau qui se resserre : la double contrainte carbone. D’un côté, l’impératif de limiter les émissions de gaz à effet de serre pour limiter les conséquences du changement climatique, de l’autre, la contraction inéluctable de nos approvisionnements en énergies fossiles. La crise énergétique de 2022 préfigure la teneur des années à venir. La production pétrolière totale des principaux fournisseurs actuels de l’Union européenne risque de s’établir avant 2030 à un niveau inférieur à celui atteint en 2019*.


S’ajoute pour les stations l’aggravation du changement climatique qui menace directement leur activité économique phare : le ski. Alors que les Alpes ont déjà perdu 20 à 30 % d’enneigement en dessous de 1 500 m d’altitude, le réchauffement climatique s’accentuera inévitablement d’ici 2050 menaçant les stations au sud du massif des Alpes.

Toutes les stations ne sont pas logées à la même enseigne. En basse et moyenne montagne, le tourisme hivernal doit effectuer une véritable redirection en programmant la fin progressive des activités de ski. Aucun modèle préconçu ne propose aujourd’hui de se substituer au tourisme de ski alpin avec un même niveau de revenus. L’ouverture d’un dialogue de long terme sur chaque territoire concerné leur permettra de se réinventer avec et au bénéfice des habitants.

Les stations qui peuvent espérer poursuivre leurs activités à long-terme peuvent orienter la trajectoire du secteur dans une logique de coopération. Les projets de diversification pourraient être prioritairement développés dans les stations les plus à risque face au changement climatique afin de limiter la concurrence. La décarbonation de l’activité des stations s’appuiera sur la transformation du reste de l’économie française, en particulier pour le secteur des transports qui représente plus de 50 % de l’empreinte carbone d’un séjour au ski. Il est de la responsabilité des stations de ne pas peser à la hausse sur la demande de ce secteur en adoptant des stratégies qui n’impliquent pas l’augmentation des trajets en voiture ou en avion.


Travailler à la résilience de son territoire dans ce contexte, c’est prendre soin des atouts des territoires de montagne en intégrant les enjeux climatique et énergétique. Les élus sont déjà mobilisés sur une foule de sujets déterminants pour l’avenir du territoire et qui permettent de dépolariser le débat du ski : dynamisation de l’économie sylvicole dans un esprit de préservation, accompagnement des éleveurs de montagne dans l’évolution de leur métier ou encore valorisation d’un patrimoine naturel en mutation qui restera exceptionnel. Si l’âge d’or du ski est sûrement derrière nous, gageons qu’ambition et solidarité garantissent aux stations de montagnes un bel avenir.

*Approvisionnement pétrolier futur de l’Union Européenne, The Shift Project, 2021

Shift Project

CORENTIN RIET
CHARGÉ DE PROJET PROSPECTIVE
THE SHIFT PROJECT